Laure Adler s’entretient avec Benjamin Stora, dans l’émission Hors-champs, du 24 novembre 2014
Emission à retrouver ICI
De son enfance dans la communauté juive de Constantine, il se souvient d’une ville « qui donne le vertige ». Il y ressentait un encerclement, renforcée par la guerre d’Algérie. « Des actes de terrorisme surgissaient brusquement, mais la vie reprenait ensuite son cours comme si rien ne s’était passé (…) Des gens sont morts à coté de moi… ». La guerre creuse un fossé entre les deux communautés. Sa famille finit par partir, « emportée par le vent de l’Histoire ».
Presque trente ans plus tard dans le documentaire « Les années algériennes » (1991), il fait revenir sa mère. « Elle était comme débarrassée de ce poids au retour… »
« L’Algérie française et l’Algérie indépendante sont deux pays différents ».
Mai 68 est pour lui « l’entrée réelle dans la société française par l’engagement politique ». Il sera notamment dirigeant d’un mouvement trotskiste, dont il retient l’ouverture sur les événements internationaux, et rejette la discipline quasi-militaire. Au même moment il s’intéresse à une révolution à laquelle personne ne s’intéresse : la révolution Algérienne.« L’apprentissage du travail scientifique (…) m’a progressivement éloigné d’une pensée dogmatique… »
Il s’intéresse aux vaincus : le MNA de Messali Hajd, « personnage maudit de l’Histoire »…
La guerre d’Algérie reste ainsi « une fracture énorme » dans les sociétés françaises et algériennes.
Pour Stora, l’anti-gaullisme structure l’extrême droite française, encore aujourd’hui.
Benjamin Stora évoque son amitié et son travail avec Abdelwahab Meddeb, notamment à travers l’ouvrage qu’ils ont cosigné : « Histoire des relations entre juifs et musulmans, des origines à nos jours » (présentation en pdf) « Ce que je retiendrai d’Abdelwahab c’est son courage jusqu’au bout (…), son immense érudition.